« Non à un retour à la normale »

Entre Charlotte Rampling et Trinh Xuân Thuân, aux côtés de Angèle et de Rithy Panh, je signe l’appel du 6 mai 2020. Ah j’oubliais Robert de Niro et Virginie D…

Tribune. La pandémie de Covid-19 est une tragédie. Cette crise, pourtant, a la vertu de nous inviter à faire face aux questions essentielles. Le bilan est simple : les « ajustements » ne suffisent plus, le problème est systémique. La catastrophe écologique en cours relève d’une « méta-crise » : l’extinction massive de la vie sur Terre ne fait plus de doute et tous les indicateurs annoncent une menace existentielle directe. A la différence d’une pandémie, aussi grave soit-elle, il s’agit d’un effondrement global dont les conséquences seront sans commune mesure. Nous appelons donc solennellement les dirigeants et les citoyens à s’extraire de la logique intenable qui prévaut encore, pour travailler enfin à une refonte profonde des objectifs, des valeurs et des économies.

Point de rupture

Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture. Pour ces raisons, jointes aux inégalités sociales toujours croissantes, il nous semble inenvisageable de « revenir à la normale ». La transformation radicale qui s’impose – à tous les niveaux – exige audace et courage. Elle n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. A quand les actes ? C’est une question de survie, autant que de dignité et de cohérence.

Source : Le Monde, 06/05/2020.

Illustration : FX, “The Pandemic Scream”, détail, collage, calque, feutre, 40×60, 16 avril 2020.