La revue en ligne Zoom Japon consacre un dossier très intéressant à Mishima. Nous signalons la chronique de Mario Battaglia consacré aux dix dernières années de la vie de l’écrivain, fortement marquée par le contexte politique de l’époque.
La vie de Mishima Yukio peut être divisée en deux périodes, toutes deux caractérisées par la violence, la mort et les bouleversements politiques. Nous avons voulu nous concentrer sur la seconde moitié de sa vie, en particulier ses dix dernières années, et sur ses relations avec les mouvements les plus conservateurs.
Alors que l’agitation des années 1960 est généralement associée aux manifestations étudiantes de gauche et aux grèves ouvrières, le Japon fourmillait également de groupes ultra-nationalistes. Un rapport de police de 1956 recensait 95 groupes d’extrême droite, comptant au total 67 000 membres. La mobilisation contre le renouvellement du Traité de sécurité nippo-américain en 1960 a été le catalyseur de la formation de nouveaux groupes, si bien qu’en 1962, on en recensait 400, avec 100 000 membres. Les biographes et les commentateurs s’accordent à dire que 1960 fut une année cruciale dans la vie de l’écrivain, car elle a marqué un tournant majeur dans sa carrière. Il était obsédé par les manifestations contre le Traité de sécurité. Bien qu’il n’y ait jamais participé, il a suivi la couverture médiatique des affrontements quotidiens entre les manifestants, la police et les groupes d’extrême droite renforcés par les yakuzas, allant jusqu’à conserver des coupures de presse.
A ce moment-là, Mishima Yukio, chouchou des médias, était un écrivain célèbre et avait été pressenti pour le prix Nobel de littérature. Cependant, il n’avait rien écrit de spécifiquement politique jusqu’en juin 1960, lorsque l’un des principaux quotidiens nationaux, le Mainichi Shimbun, publia un article dans lequel il louait l’agitation, mais d’un point de vue nationaliste, comme un exemple de la façon dont les Japonais rejetaient le contrôle américain du pays.
Lire la suite : Zoom Japon, 30/10/2020. URL : https://zoomjapon.info/2020/10/doss/il-sappelait-mishima/il-sappelait-mishima-yukio/
Illustration : Dans le quartier de Jimbôchô, à Tôkyô, célèbre pour ses librairies d’occasion, on trouve quelques raretés comme cette pochette de disque. © Eric Rechsteiner pour Zoom Japon