Retour sur soi-même, sur nos masculinités et ce qu’elles font aux femmes. En discussion avec la journaliste, essayiste, rédactrice en cheffe à Binge Audio, Victoire Tuaillon, le philosophe Raphaël Liogier préfère le terme de “transvaluation” [révision radicale des valeurs] à celui de “transformation” pour saisir les enjeux d’une masculinité ouverte. Dans tous les cas, il s’agit d’une modification comportementale, psychologique et sociale ; il s’agit de mettre en œuvre ce changement nécessaire de mentalité pour envisager une société plus juste, plus égalitaire et respectueuse des unes/uns des autres. Comme Préalable 2 à “24 héroïnes électriques”, extraits d’engagements pour un autre art de vivre cités par Victoire :

Ne plus voir en l’autre une cible à atteindre, un objet à saisir, l’occasion d’une démonstration de force, mais un sujet volontaire et désirable, parce que volontaire, qui ne se dégrade nullement en se comportant aussi librement que nous. L’égalité est libératrice parce qu’elle révèle les artifices du théâtre social qui nous imposait, à l’un comme à l’autre, un rôle écrit d’avance. S’ouvre alors un espace de confiance en soi et en l’autre, comme une terre inexplorée, où quelque chose de nouveau et de commun peut se construire. (Raphaël Liogier, sociologue et philosophe)

Je ne veux plus être identifié en tant qu’homme par l’usage légitime de la violence, je veux une autre définition de la masculinité, je me désidentifie, par mes pratiques, par ma mentalité, par mes façons d’être, de cette masculinité souveraine et violente. (Paul B. Preciado, philosophe)

Tous deux extraits de Victoire Tuaillon, Les couilles sur la table, Paris, Binge Audio Éditions, 2019, p. [112] et 181.

Lien vers l’émission : https://www.binge.audio/category/les-couilles-sur-la-table/