“Pogo !” : l’assaut radiophonique de la culture punk [1978]

Un sujet qui devrait être exploré dans le projet de recherche PiND (Punk is not dead) : l’impact des émissions de radio sur la création des groupes français.

Je peux dire de mon côté que l’émission “Pogo” (PoGo, petites ondes grandes ondes), énergiquement animée par Alain Maneval sur Europe 1 en 1978 à une heure tardive (minuit je crois), a été déterminante dans la construction d’une culture musicale punk.

Peu de choses (encore une fois) sur la toile sur ce sujet. Mais un article signé R. Claude publié sur la toile en 2008 résume très bien l’état d’esprit de cette émission nocturne, extrait :

C’était il y a trente ans [et aujourd’hui 40!]. Sur Europe 1Alain Maneval animait Pogo, la seule émission (éphémère !) de l’époque en prise directe sur le punk à l’antenne d’une grande radio commerciale. Depuis son bunker-studio réaménagé, il matraquait des titres du Clash, des Damned et des Pistols et cassait des singles de disco et de variété dans une ambiance de happening post-nucléaire permanent un peu foutraque mais jubilatoire. On se branchait sur Pogo aux alentours de minuit pour découvrir les derniers 45 tours qui enflammaient la Grande-Bretagne, New York, Amsterdam, Paris, Zürich ou Berlin (Voir R. Claude, “Radioland : Alain Maneval,” 16 mars 2008). 

“Pogo” était en prise directe sur l’actualité musicale punk, new wave, no wave avec des émissions phares sur la Nuit rock de Fourvière le 29 juillet 1978 avec Starshooter (Voir la place de ce concert Nuit du Rock (1978) sur Fourvière une histoire), sur le festival de Givors toujours dans la région lyonnaise, des interviews, des envolées lyriques… A “Pogo”, on écoutait Siouxsie and the Banshees, Buzzcocks, Ian Dury and the Blockheads, The Saints, The Clash, The Jam, The Heartbreakers, The Ramones, Devo, Talking Heads, Wayne County… des jingles déglingués, bref tout ce qui sortait du ronron soporifique radiophonique de ces années là. Chaque début de nuit, Alain Maneval prenait d’assaut Europe 1 pour promouvoir la nouvelle scène.

L’animateur activiste de “Pogo” se rappelle avec émotion avoir reçu Siouxsie and the Banshees lors de ses premiers pas à la radio “un de ses plus beaux souvenirs” (Cf. L’album de minuit, lundi 23 février 2015, circa 35:35). A cette époque Siouxsie était l’icône Punk par excellence : une chanteuse à la fois élégante et destroy, une prêtresse du chaos, une ombre blanche gothique déambulant la scène au pas de l’oie.

L’émission “Pogo” trouva son terme, selon plusieurs sources (Voir l’article de Télérama, Alain Maneval punk régénéré, 03/07/2009), à la suite de l’appel énervé de Maneval au boycott de l’entreprise Shell (je m’en rappelle encore) suite à la marée noire provoquée par l’échouage de l’Amoco Caddiz sur les côtes bretonnes. Une marée noire existentielle et une belle fin pour une émission culturelle avant-gardiste.

FX