Un hommage digne et chaleureux a été rendu : « ici on enterre un frère » donnait d’entrée de jeu à voir la porte centrale du cimetière du Père Lachaise avec ces motos alignées. Beaucoup de monde aux obsèques de Julien.

A la louche, plus de 500 personnes, certains m’ont dit autour de huit cents, peut-être mille. Dans tous les cas, un cortège impressionnant se rassemble derrière le corbillard noir, frères et ami-es de la première ligne. Les motards 1% ouvrent la marche au son des machines vrombissantes. Bikers du Black Block Nantes, Red Slayers, Hells Angels, pas mal de groupes support aux Hells (patch 81), aussi en première ligne les antifas parisiens de l’Action Antifasciste Paris Banlieue, les membres du groupe La Brigada Flores Magon… Visages tatoués, couleurs de chapitres mais aussi Fred Perry, Lonsdale et chemises Ben Sherman… La seconde partie du cortège rassemble les ami-es, anciens punks, redskins d’hier et d’aujourd’hui et une foule de proches du bar le Saint Sauveur.

Dans l’allée surplombant la foule, un écran géant affiche un beau portrait noir et blanc de Julien, casquette de Gavroche parisien sur la tête, une photo toute simple avec ses nom, prénom, années de naissance et de décès. Un cordon de sécurité divise au départ la foule pour permettre à la famille et aux proches de se recueillir et de sortir le cercueil noir de l’ami disparu. En couronnes ou en bouquets, des fleurs par centaines sont disposées. Elles entourent une photo encadrée de Julien, placée à côté d’une petite estrade dédiée aux hommages. Au micro, l’amie Noémie lit un texte écrit par plusieurs membres des Red Warriors en hommage à Julien. Valoche transmet également le message de Jérôme, ancien Red Warrior qui n’a pu venir. Mateo, chanteur de La Brigada, à travers un texte émouvant raconte les 27 années aux côtés de son camarade de combat. Fanfan, chanteur du groupe Bérurier Noir, accompagné de Masto, transmet le message d’amitié et de remerciements de son groupe et de la scène alternative des années 1980. Les hommages sont applaudis et la cérémonie se poursuit sur l’écran.

Un diaporama des précieux instants de la vie de Julien défile. Des années punk aux années Red Warriors jusqu’aux années de lutte aux côtés de la CNT (Confédération nationale du travail, anarcho-syndicaliste) et celles auprès de ses frères bikers, les images résument un destin de rebelle, une vie d’engagements, d’échanges et d’espoir. Julien aimait discuter et convaincre. Il ne se laissait jamais faire, solide dans ses convictions. La musique du titre « Incontrôlable » de son groupe La Brigada sonorise le diaporama. L’émotion est palpable, elle parcourt l’audience. Applaudissements toujours dans une dignité absolue.

La cérémonie se poursuit avec la mise en bière. Seuls, la famille et les proches, accompagnent le cercueil qui doit rejoindre la tombe de ciment. Puis la foule est invitée à se recueillir, un par un, devant la tombe entourée de très nombreuses fleurs. On peut lire « A mon amour », « A notre frère », « Paris Antifa », « Redskins Marseille », « Red Warriors », un message des Bérus « Merci Julien. Respect de la part de Bérurier Noir et de toustes les petit-es agité-es » et beaucoup d’autres encore comme ces quelques lettres épinglées aux bouquets. Une grande couronne de fleurs rouges trônent avec l’inscription « Ni fleurs ni couronnes », hommage de la librairie Le Monte-en-l’air à Ménilmontant. Chacun, chacune se recueille et repart après un dernier salut, un dernier mot, un dernier geste : « repose en paix camarade / salut à toi ô mon frère / pour toujours dans nos cœurs / on t’oubliera pas / on lâchera pas l’affaire »… Grosse pensée pour sa dernière compagne Sophie. Grosse pensée pour Pauline, son ancienne compagne, et ses enfants. Un petit garçon de douze ans me sourit et une larme coule sur son visage. Grosse tristesse.

La foule repart, toujours aussi digne, après cette cérémonie chaleureuse, en grande communion avec ce frère d’arme ou d’âme parti trop tôt. Toutes et tous uni-es autour de Juju. Plusieurs fois j’entends « On t’aime Julien« . C’est ce que l’on peut retenir de plus précieux de cette vie audacieuse et fulgurante.

FanXoa, vendredi 12 juillet 2024 (merci à Valoche, Masto et Seb pour la relecture). Photos FanXoa.

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Texte collectif de Bérurier Noir lu par Fanfan

Cher Julien, cher-es ami-es,

Nous, groupe Bérurier Noir et toustes les petit-es agité-es, te remercions du fond du cœur.

Toi, les Redwawa et les Totos étaient là à nos côtés en soutien à nos concerts.

Sans vous, service d’ordre bienveillant, le groupe n’aurait pu tenir sur la durée.

Vous nous avez accompagné et vous avez protégé notre public, nos idéaux et la fête dans des moments cruciaux.

Cette mission à la fois politique et humaine bien des groupes en sont redevables.

Toute la jeunesse du Rock alternatif dans sa diversité pouvait compter sur vous et sur toi particulièrement.

On a aujourd’hui le cœur serré, le poing levé et l’esprit déterminé.

Ton parcours témoigne de ton engagement dans les luttes libertaires. 

Garçon à fleur de peau, tu défendais une certaine idée de la solidarité.

Rien n’était simple dans ton engagement radical, il nous fait honneur.

Parti trop tôt, ton destin n’est pas vain.

Il reste à jamais gravé dans nos cœurs. Merci et respect Juju.

On pense à toi Julien, à tes enfants, à ta femme, à tes proches.

On n’oublie pas cette voie de combat qui aujourd’hui continue plus que jamais.

Bon voyage Julien, au pays des étoiles Noires et Rouges…

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Corrections et MàJ 13/07/2024

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Pour information : Hommage de Loran à Julien sur la page des Ramoneurs de Menhirs : https://www.ramoneursdemenhirs.bzh/